La journée internationale des droits des femmes, qui a lieu le 8 mars, est largement médiatisée et connue du grand public. Savez-vous cependant quelle est la journée internationale du 25 novembre ? Il s’agit de celle de la lutte contre les violences faites aux femmes, proclamée le 17/11/99 par l’ONU. Pourquoi cette date ? Parce qu’elle est porteuse de symbole et d’hommage aux « Mariposas », les 3 sœurs Mirabal qui ont combattu la dictature de Trujillo en République dominicaine. Assassinées le 25 novembre 1960, elles avaient été battues, violées et emprisonnées pour les idées qu’elles défendaient. Quoi qu’il en soit, vous vous demandez bien en quoi cette journée internationale peut jouer un rôle dans les violences sexistes et sexuelles. Certes, cette violation des droits humains ne doit plus être une fatalité. Mais en quoi cet « Orange Day » apporterait-il aux femmes et aux filles une meilleure protection face aux agressions ? Faisons le point ensemble sur les défis de cet événement.
Les violences envers les femmes ne connaissent ni frontière géographique ni limite d’âge ou de race. Elles concernent tout type de relations familiales et de milieu social. Ainsi, plus d’une femme sur trois dans le monde subit au cours de sa vie des violences physiques ou sexuelles de la part de son partenaire intime (1). En 2019, 146 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire en France (2). Cela revient à un décès tous les 2,5 jours ! Par ailleurs, environ 1 million d’entre elles a déjà été confronté à une situation de harcèlement sexuel au travail ou dans les espaces publics (3).
Ces quelques chiffres mettent en lumière une véritable épreuve pour notre société. Car cela signifie que nous avons tous dans notre entourage une personne concernée par cette maltraitance. Peut-être même êtes-vous directement touchée par ce sujet. Mais derrière l’image de la femme battue, se cachent des réalités multiples aux problématiques singulières. Le 25 novembre est l’occasion de donner de la visibilité à ce climat nauséabond, pour une meilleure reconnaissance et un soutien aux victimes. Ensemble, soyons responsables et acteurs du changement : disons stop à ces agressions !
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Depuis la crise sanitaire du covid-19, il a été noté une augmentation record des violences intrafamiliales, ainsi qu’une hausse spectaculaire des appels de détresse. Il est évident que la cohabitation ininterrompue était favorable à l’exacerbation des tensions. Dans le huis clos des foyers aux portes fermées, les agressions pouvaient s’exprimer sans regard extérieur. Mais si elles ont pu être déclenchées par ce contexte exceptionnel, les brutalités préexistantes se sont elles aussi aggravées à cette occasion.
Par ailleurs, l’augmentation de notre usage d’internet a également vu une hausse récente des cyberviolences selon ONU Femmes (4). Progressivement, les harcèlements sexuels en ligne, sextos non désirés, vidéotox, revenge porn, et autres comportements virtuels délictueux ont ainsi fait leur nid sur la toile. À travers l’écran, le sentiment d’impunité semble prendre tristement de l’ampleur.
Face à ces constats alarmants, de nombreux intervenants se mobilisent. Parmi eux, des personnalités prennent la parole et s’engagent dans cette lutte contre les violences faites aux femmes. Leur popularité permet à ce message d’être entendu plus largement encore.
De leur côté, les professionnels de santé, de l’éducation nationale et les travailleurs sociaux ont un rôle de renseignement, de diagnostic, d’orientation et d’accompagnement. Ils peuvent d’ailleurs être amenés à travailler en collaboration avec les associations, afin de coordonner certaines actions.
Resonantes œuvre justement dans ce sens, par le biais d’ateliers, d’expositions et d’informations en ligne (articles, réseaux sociaux, site web, etc.). Objectif : faire évoluer les mentalités, pour ne plus être dans une culture de tolérance et de déni. Des opérations de sensibilisation et de prévention auprès des plus jeunes sont mises en place, pour apprendre entre autres à :
Aux quatre coins de la planète, la campagne d’ONU Femmes « Tous UNiS » (4) vise quant à elle à sensibiliser tous les acteurs des diverses régions du monde, dans le but d’éliminer tous ensemble ce fléau. C’est ainsi que 16 jours d’action (5) sont initiés, à l’occasion de la journée internationale du 25 novembre.
Des interventions, débats, ateliers d’écriture et groupes d’échange ont lieu régulièrement, afin de permettre d’aborder librement ce sujet sensible. La journée internationale du 25 novembre est donc une occasion supplémentaire de proposer ces actions, pour allier nos forces et ouvrir la parole. La vague #meetoo a démontré que les femmes victimes n’étaient pas seules, et qu’elles pouvaient désormais dénoncer sans honte les agressions vécues. La multiplication des interviews, d’articles, de podcasts et vidéos documentaires mettent en lumière une problématique trop longtemps tue.
Si vous êtes concernée par de tels faits, trouver un soutien est le premier pas vers l’issue aux violences subies. Qu’il s’agisse d’un membre de votre entourage proche ou d’un professionnel, identifier une personne de confiance est essentiel. La carte intéractive Once Upon A Map, qui indique chaque organisme d'aide à côté de chez vous, pourra vous aider dans cette démarche. Vous pourrez ainsi vous sentir écoutée et crue, ce qui est essentiel pour être épaulée au mieux. La déculpabilisation est un objectif primordial, face à ces faits dont vous ne pouvez pas être tenue pour responsable.
« La garantie de sécurité dans une relation violente ne peut jamais être basée sur une promesse de l’auteur de la violence, même si elle est sincère. Elle doit plutôt être basée sur la capacité d’autoprotection de la victime. Tant que la victime n’a pas élaboré un plan d’urgence détaillé et réaliste et n’a pas démontré sa capacité à le mettre en œuvre, elle reste en danger de subir des violences répétées. »
– Judith Lewis Herman
En France, une aide gratuite est disponible à tout témoin ou victime de violence, 24 h/24 et 7 j/7. Pour cela, plusieurs solutions s’offrent à vous. Vous pouvez vous orienter vers :
La Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe (6) pose un cadre juridique précis pour la prévention de la violence, la protection des victimes et la fin de l’impunité des agresseurs. Les États signataires sont donc soumis à cette même trame légale.
Que vous envisagiez de porter plainte ou non, vous pouvez signaler les faits au commissariat. Cette démarche vous aidera lors d’éventuelles prochaines procédures, comme pour celles d’autres victimes. En effet, les agresseurs sont souvent récidivistes et toute action auprès des forces de l’ordre peut viser à stopper cette spirale de la violence.
Pourtant, moins de 10 % des femmes ayant subi de tels actes font appel à la police (3). Il peut s’agir d’une décision difficile. Pour vous aider dans ce processus, vous pouvez solliciter l’accompagnement d’une personne de confiance ou l’assistance d’un défenseur des droits. Le formulaire de pré-plainte en ligne peut par ailleurs vous permettre d’initier cette démarche à distance. Ensuite, vous pourrez éventuellement aller signer les documents en gendarmerie ou service de police pour la finaliser.
La journée mondiale du 25 novembre est aussi l’occasion d’encourager l’investissement des gouvernements pour l’élimination des violences faites aux femmes. Il peut également s’agir d’interpeller les pouvoirs publics pour des aides régionales et locales.
Car, dans ce combat contre les violences sexistes et sexuelles, des ressources sont nécessaires pour le développement de :
Grâce à la médiatisation de cette journée internationale, les associations peuvent également réaliser des levées de fonds, appeler aux dons ou rechercher de nouveaux bénévoles.
Dans le monde entier, la campagne de crowdfunding #Give25forUNTF25 des Nations Unies vise à déployer des fonds d’affectation spécifique. L’objectif est de mettre en place des subventions exclusivement dédiées à l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles.
La première étape pour aider une victime, c’est avant tout de savoir reconnaître les signes de violences subies. Il peut par exemple s’agir d’un repli sur soi, d’un changement de tenue vestimentaire, de troubles du comportement ou de l’humeur, de problèmes de santé multiples voire de conduites à risque.
Souvent, les femmes concernées ont peur de parler à cause d’une menace de représailles. Si vous soupçonnez ou constatez les sévices, proposez à la personne un échange libre et votre écoute bienveillante. Respectez ses choix. Chaque individu a son rythme, ses possibilités et ses propres freins. Brusquer les démarches risquerait davantage de bloquer votre interlocutrice dans son processus, ce qui serait contre-productif.
Cependant, si la demande est faite, vous pouvez lui offrir une mise en sécurité ou la conservation de ses documents précieux. Une orientation vers une des structures d’aide sera éventuellement envisageable ensuite. Selon les sollicitations de la personne, vous pouvez aussi être amené à faire un signalement ou témoigner au sujet des violences auxquelles vous auriez assisté.
De nouveaux supports numériques pouvant faciliter le secours aux victimes sont désormais disponibles. Parmi eux, l’application App-Elles propose une solution gratuite, confidentielle et sécurisée, pour retrouver rapidement toutes vos ressources d’aide. La formation StandUp, quant à elle, liste des techniques simples et efficaces au harcèlement de rue :
Les proches et témoins de violence peuvent apporter une aide précieuse. Leur rôle est parfois décisif. Aujourd’hui, les divers outils à disposition sont des moyens précieux pour porter secours à celles qui en ont besoin.
Une aide doit pouvoir être proposée à toutes les victimes, quels que soient leurs âges ou leurs situations socio-économiques. Les femmes sans-papiers ont besoin d’avoir accès aux mêmes recours que les autres, par exemple. Dans certains cas, les violences concernent des mères. Il est alors primordial de mettre en place une protection adaptée pour ces femmes, avec leurs enfants.
Les services sociaux ou les pouvoirs publics peuvent les orienter vers des centres d’hébergement d’urgence, afin d’offrir une sécurisation rapide du cadre de vie. Dans de nombreux cas, l’accompagnement visera aussi à apporter une aide matérielle et financière. Le soutien proposé est pluridisciplinaire : social, juridique, médical et psychologique. La Maison des Femmes, à Saint-Denis, est une belle illustration de ce travail conjoint entre chaque intervenant. Ces options variées d’assistance permettent de sécuriser la sortie de la situation dangereuse.
La Fondation des Femmes se bat pour la liberté et les droits des femmes. Grâce aux dons qu’elle reçoit (#maintenantonagit), elle apporte un soutien financier, juridique et matériel aux initiatives associatives, partout en France.
Que vous ayez été agressée ou témoin de violence, les associations d’aide aux victimes sauront vous conseiller et vous guider vers les structures adaptées. Consultez dès à présent notre carte interactive, répertoriant tous les organismes près de chez vous.
La journée internationale pour l’élimination de la violence faite aux femmes est l’occasion de communiquer sur cette problématique cruciale. Chacun peut lutter à son échelle contre ce fléau, au quotidien. Pour en savoir plus, découvrez nos différents articles sur le sujet.
Elsa Caplet pour Resonantes
Sources :
(1) : OMS, 2018
(2) : Observatoire national des violences faites aux femmes, 2019
(3) : ministère de l’Intérieur, 2017
(4) : Campagne « Tous UNiS » d’ONU Femmes
(5) : Campagne « Orange the World » d’ONU Femmes
(6) : Conseil de l’Europe
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